Bien que la série animée Dragon Ball Z soit depuis bien longtemps retirée du paysage audiovisuel français, les titres supportant cette licence juteuse continuent d'affluer dans nos contrées à un rythme soutenu. Après des frasques sur PS2 et Gamecube, la saga Budokai fait son entrée sur une PSP peu gâtée au niveau des jeux de combats. Quelques boules de cristal et des cheveux hérissés parviendront-ils à changer la donne ? En tout cas, si une chose est certaine c'est que le scénariste de cet opus portable est un homme à rencontrer rapidement. Si tant est qu'il existe.
Offrant une scène d'introduction d'une platitude sans nom et donnant autant envie de se plonger dans le jeu que d'aller chez le dentiste, Shin Budokai part sur des bases assez fragiles voire dangereuses. Heureusement, ces quelques images ne sont qu'une piètre représentation de ce qui va suivre. Car une fois au coeur de l'action, ces dernières disparaissent pour laisser place à une excitation plus qu'intense, balayée de moments de pur passion. En effet, alors que la peur s'étendait en vous à la vision du stick de la PSP, vecteur d'instants dramatiques dans le domaine du jeu de baston, le titre de Dimps parvient à éliminer cet écueil, réussissant même le tour de force de mêler une grande accessibilité à un côté spectaculaire ébouriffant. Car le plus surprenant dans ce soft reste définitivement la force qui s'en dégage, notamment dans le dynamisme puissant inséré dans le gameplay. Chaque rixe se traduit par des échanges de coups extrêmement rapides au gré de téléportations habilement intégrées dans le cours du jeu, le plus souvent consécutives à une attaque énergétique gigantesque. Un festival pyrotechnique de premier choix qui assoit immédiatement Shin Budokai et joue clairement sur la corde émotionnelle de l'attrait pour ces instants de bravoures cataclysmiques. Chaque commande s'effectue avec une facilité déconcertante, permettant de répondre en toute connaissance de cause à chaque agression et de miser sur les enchaînements, que ce soit au sol ou en l'air. Finis les quarts de cercle à tenter désespérément avant de casser sa croix directionnelle dans un accès de rage, et terminées les combinaisons basiques simplement closes par un kaméhaméha inconséquent. Ici, chaque compétence spéciale est affiliée à une direction accompagnée d'une pression sur le bouton rond. De fait, trois d'entre elles correspondent aux orientations gauche, droite et haut, tandis que le le bas se voit uniquement utilisé pour la transformation, si celle-ci est disponible.
Le Dragon Ball Z nouveau initie donc un nouveau modèle de jouabilité, véritablement agréable et permettant une immersion immédiate dans l'âpreté du combat. Rien ne viendra vous détourner de votre but principal ou vous retirer de ce monde détenteur d'une vivacité peu commune. Chaque pugilat est un moment de plaisir, tant il est agréable de sentir une certaine maîtrise sur les évènements sans aucun heurt ni frustration. Le soft se base totalement sur ce côté intuitif pour clamer haut et fort son appartenance à ce type de jeu un tantinet sauvage, irréfléchi, mais tellement enivrant. Sorte de petit plaisir honteux, Shin Budokai apporte une réelle addiction, soulignée par sa fidélité aux lignes claires de la série animée. Si vous aurez donc l'occasion de retrouver cet amas lumineux d'attaques aux limites de l'écoeurement, tant elles jouent dans une cour défiant les lois de la physique et du bon goût, vous dénicherez également les figures emblématiques ayant marquées profondément des générations d'enfants. Encore ébahi par la classe de Trunks ou la bêtise héroïque de Sangoku, vous ne pourrez vous empêcher de vous lancer dans une course hors d'haleine pour débloquer l'ensemble des acteurs présents. Intégrant certains personnages d'OAV pas forcément parlant aux oreilles de tous, comme Janemba ou encore Cooler (le frère de Freezer), le jeu prend astucieusement le train en marche en proposant également tous les célèbres héros de la saga terminée par un "Z". Vous retrouverez ainsi Sangoku, Krilin, C-18, Cell et bien d'autres dans un éventail allant du combat contre Freezer à l'arrivée de Bou. N'oublions surtout pas la présence de Broly, le sayan légendaire et accessoirement l'individu le plus époustouflant de la mythologie propre à Toriyama.
C'est donc avec tout ce beau monde que vous allez devoir parcourir plaines et montagnes au travers de trois modes dont les limites se font rapidement sentir. Dans la catégorie des plus surfaits, on pourra remarquer la prestation du mode nommé pompeusement Epreuve Z, qui n'est en tout et pour tout qu'un survival doublé d'un time trial. Dans la foulée, vous bénéficierez d'un mode arcade sans grand intérêt, se limitant à une succession de combats à la difficulté progressive vous rapportant seulement quelques Zénis (la monnaie locale). Ces derniers vous permettront d'ailleurs d'acquérir des timbres (!!) à disposer sur une zone vierge que vous pourrez donc décorer à votre guise. Une idée assez saugrenue qui pousse, malheureusement pour ses concepteurs, à conserver son pactole sans en dépenser le moindre centimes. Devant le côté assez inutile de cet ajout sans saveur, vous repartirez rapidement sur vos pas pour découvrir avec les yeux étincelants le mode histoire, basé en partie sur le long métrage d'animation "Fusions". Si le geste est louable, surtout au niveau de l'implication, le déroulement de la trame est d'une bêtise profonde, cumulant des phrases idiotes et des incohérences dignes d'un téléfilm d'aventure de deuxième partie de soirée sur M6. Entre Sangohan qui redevient enfant pour des raisons restant inexpliquées, Vegeta qui jure ne pas pouvoir aller au royaume des morts mais qui s'y rend sans aucun problème quelques instants plus tard, ou encore Videl qui prend Sangoku pour son père, vous serez cruellement gâté. D'autant que l'on sent bien une certaine panique devant les phases de transitions, souvent résumées à un combat totalement inconséquent afin de réinjecter une petite dose de durée de vie bien synthétique. Les arguments de Sangoku tentant de justifier l'un des ces pugilats sont d'ailleurs un grand moment d'humour involontaire et se laissent savourer.
Complètement gâchée, la partie scénaristique n'entraîne heureusement pas le reste du soft avec elle, et sert au fond bien plus de passe-temps nécessaire pour débloquer des guerriers que d'un vrai mode de jeu. De ce fait, vous avancerez sans réellement vous occuper de l'histoire, découvrant au fur et à mesure de nouvelles têtes avec plaisir. A ce propos, l'évolution des combattants que vous rencontrerez se veut clairement différente de celle inhérent aux titres destinés aux consoles de salon. En clair, vous n'aurez plus ici à gérer des capsules conservant des capacités spécifiques. Chaque intervenant possède déjà ses propres compétences et acquiert sa ou ses transformations au fil de votre progression dans le mode scénarisé. Une fois parvenu au stade de Super Sayan 3 par exemple, Sangoku pourra directement accéder à ce dernier en utilisant la commande de transformation en plein combat. Un système bien dégraissé qui, s'il s'avère clairement redoutable dans l'action, souffre un tantinet de ce côté simplifié à l'extrême. Le fait est que l'on tourne assez rapidement en rond lors de l'apprentissage du maniement d'un personnage, ce qui amène une certaine lassitude, malgré la présence d'un grand nombre de comiques étincelants. Pourtant, devant la folie furieuse des affrontements et la séduction qui s'en dégage, vous aurez bien du mal à vous en éloigner longuement. Au final, Dragon Ball Z : Shin Budokai s'avère digne de ses aînés, incluant dans un si petit UMD une ambiance détonante, une puissance ludique étonnante, une plastique digne d'éloges et un respect profond de la série et des OAV. Maintenant il est vraiment dommage de devoir subir tant d'approximations au niveau de l'enrobage et le léger manque d'originalité du gameplay. Espérons simplement qu'à l'image des Sayans, le titre revienne plus fort dans un avenir proche.
Source: jeuxvideo.com